Frédéric Daruty 20 Minutes
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L’interview de Frédéric Daruty, président de 20 Minutes et diplômé de l’EM Normandie

Frédéric Daruty est diplômé de l’EM Normandie et président de 20 Minutes, un média iconique devenu incontournable pour les jeunes générations. Il revient sur son parcours atypique et sur son quotidien à la tête d’un journal qui est lu chaque mois par des millions de personnes.

 

Le parcours de Frédéric Daruty, président de 20 Minutes

Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Frédéric Daruty 20 MinutesAprès mon bac scientifique, je me suis dirigé vers un IUT Tech de Co. J’ai ensuite intégré ce qui s’appelait à l’époque l’ESC Le Havre en admissions parallèles. Les concours AST étaient complexes à l’époque, les épreuves étaient très variables. J’avais donc ciblé deux-trois écoles, dont l’EM Normandie.

 

 

P&G, AOL, Prisma… Votre parcours avant 20 Minutes est atypique. Comment s’est-il construit ?

Je suis sorti de l’EM Normandie en 1991. C’était la fin de la guerre du Golfe et il y avait un effet visible sur le marché de l’emploi. Le nombre d’offres d’emploi s’est rapidement tari. Finalement, ce qui m’a guidé, c’est le fait de continuellement être formé. Procter & Gamble offrait un cycle de formation très régulier sur le terrain. Je voulais travailler dans le secteur commercial, je n’étais pas un vendeur né, mais je me suis dit que ce serait intéressant d’avoir ce background, peu importe le métier que j’exercerais.

L’autre fil conducteur, c’est la volonté de toujours travailler pour des marques à forte notoriété. Les dimensions d’image, de puissance, mais aussi cet aspect grand public m’ont toujours guidé.

 

Comment êtes-vous arrivé à la tête de 20 Minutes ?

À la fin des années 90, la bulle internet nous montrait que le web nous permettait d’être agiles, d’aller vite et de se lancer sur de nouvelles idées. Je suis donc parti en startup pendant un an, puis j’ai rejoint AOL. Mon rôle était de faire grandir les marques de grande consommation grâce aux médias numériques. J’ai pris la direction de la régie d’AOL, mais mon parcours a été chaotique, car AOL a décidé de ne conserver cette activité que dans les pays anglo-saxons. J’ai donc fermé l’antenne française et rejoint Prisma Media. Au sein du groupe, j’ai structuré une équipe de développeurs pour les sites, développé la régie publicitaire et fait grandir l’activité. Enfin, il y a trois ans, on m’a proposé de prendre la présidence de 20 Minutes et cela m’intéressait particulièrement, car c’était un poste à responsabilités avec beaucoup d’autonomie.

 

L’univers des médias marque votre carrière. Pourquoi ce secteur vous attire-t-il ?

C’est surtout le numérique qui m’a guidé, d’abord sur la partie e-commerce, puis dans l’univers des médias. Je suis rentré par la petite porte du digital, avant d’aller vers le papier avec 20 Minutes.

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Les défis de 20 Minutes

Justement, fin 2014, votre prédécesseur disait que « 20 Minutes est maintenant un pure player qui édite aussi un journal ». Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?

C’est encore plus vrai aujourd’hui, car nous avons organisé la diffusion autour du digital first. Nous avons travaillé sur une nouvelle formule qui répond à l’instantanéité de l’information. Nous avons également revu le format pour proposer quelque chose au lecteur en complément du numérique. 20 Minutes vit uniquement de ses revenus publicitaires et nous développons cette ligne de revenus grâce au numérique.

Cependant, l’environnement de l’information sur le numérique est beaucoup plus large. Aujourd’hui, nos concurrents sont aussi bien Franceinfo que BFM. 20 Minutes tire aussi sa puissance du format papier et nous ne voulons pas couper cette branche.

 

20 Minutes appartient à deux actionnaires (Rossel et Sipa-Ouest-France) qui fonctionnent avec un système d’abonnement. La question de transformer le modèle de 20 Minutes s’est-elle déjà posée ?

Pour Rossel et Sipa-Ouest, le modèle de 20 Minutes est très complémentaire par rapport à ce qu’ils proposent. Nous sommes gratuits, notre cible est plus jeune. Notre couverture du territoire est plus grande.

La question ne s’est jamais posée par le passé, mais a été évoquée durant la crise sanitaire à cause de la difficulté de diffuser notre journal dans la rue. Cependant, il faut recréer une valeur pour le lecteur, qu’il comprenne pourquoi il doit payer pour accéder à du contenu qu’il peut avoir gratuitement aujourd’hui. Cela nécessite de se transformer complètement et demande beaucoup de moyens, mais aussi de changer le format de production. Nous avons donc gardé l’idée de renforcer notre modèle gratuit et avons même lancé une campagne de publicité sur le sujet. C’est notre axe de différenciation.

 

20 Minutes est un média papier et en ligne 100% gratuit. Comment vous adaptez-vous à un univers où la presse papier est en déclin ?

Notre stratégie est vraiment de conserver un modèle papier. C’est une question de puissance de marque. C’est un travail de gestion et de bonnes allocations des ressources entre le numérique et le print.

 

Le quotidien de Frédéric Daruty en tant que président de 20 Minutes

À quoi ressemble le quotidien du président de 20 Minutes ?

Il faut être bien entouré, car on ne peut pas être expert de tout ! J’ai la chance d’avoir une rédaction en chef et une directrice de la rédaction à qui j’accorde une grande confiance. J’ai aussi la chance d’avoir une équipe commerciale qui fait rayonner la marque. D’autres équipes sont essentielles : la production, la fabrication, la diffusion du journal, les développeurs… Ce sont des connaissances que je n’ai pas, mais que je sais organiser et je fais confiance à ces experts.

Le rôle du patron, c’est vraiment de donner une direction, d’organiser le travail de ces experts et d’aller chercher les interlocuteurs clés. La plus grande difficulté, c’est de ne pas intervenir dans les tâches des collaborateurs et de les laisser faire, un sujet que je connais bien car j’ai commencé en bas de l’échelle.

 

Quel est votre plus gros défi aujourd’hui ?

Si, un jour, on se rend compte que le poids du journal n’est pas viable économiquement parlant, alors cela pourrait remettre en question la parution papier. Pour l’instant, le vrai défi est de faire grandir tous nos supports numériques.

 

Où vous voyez-vous dans quelques années ?

Je me pose moins cette question qu’il y a dix ans. On réfléchit à sa carrière en termes de progression de poste. Je m’éclate aujourd’hui, car j’occupe un poste à responsabilités, dans une entreprise agile qui arrive à faire bouger les lignes facilement. C’est assez excitant. Aujourd’hui, je ne me projette pas dans une autre entreprise.

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